Conférence de Fabien Lostec
Condamnées à mort
L’épuration des femmes collaboratrices, 1944-1951
Cet ouvrage, couronné par le Prix Valérien 2024 (catégorie "Enquête"), explore avec finesse le sort des femmes collaboratrices condamnées à mort après la Seconde Guerre mondiale.
À travers cette étude, Fabien Lostec interroge l’entremêlement entre morale et droit dans les procès de ces femmes, souvent jugées autant pour leur rôle politique que pour leur comportement perçu comme déviant en tant qu'épouses, mères et femmes.
Il s’intéresse également aux différents temps de ces parcours judiciaires : du jugement aux recours en grâce, en passant par l’expérience de l’incarcération et la réinsertion.
Lors de cette séance, Fabien Lostec partagera avec nous les défis méthodologiques rencontrés dans la constitution de son corpus, sa démarche analytique, ainsi que les biais qu’il a dû surmonter pour restituer au mieux ces histoires complexes.
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Présentation éditeur:
Contrairement à une légende tenace, toutes les femmes collaboratrices n’ont pas été graciées par les tribunaux de l’épuration à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. Elles sont 651 à être frappées par la peine capitale, dont 46 sont finalement exécutées. Jamais, depuis la Révolution française, autant de femmes n’avaient été condamnées et mises à mort en si peu de temps.
Qui sont ces condamnées à mort, de quelle façon ont-elles collaboré, comment vivent-elles leur épuration et par qui sont-elles jugées ? Fabien Lostec brosse le portrait individuel et collectif de ces femmes. Il nous montre qu’au-delà de l’image de la collaboratrice sentimentale, elles se sont résolument engagées au service de l’ennemi, ont commis des actions violentes et des tortures, ont provoqué des déportations et des assassinats.
La morale et le droit s’entremêlent lors de leurs procès, puisqu’elles sont accusées d’être de mauvaises épouses et/ou mères et, plus largement, de mauvaises femmes. L’auteur examine le temps du jugement jusqu’à la mort pour celles dont le recours en grâce est rejeté et n’oublie pas le temps de l’incarcération ni celui de la sortie de prison pour celles qui bénéficient d’une commutation de peine.
Une étude fine qui vient renouveler par le genre l’histoire de l’épuration et de la violence politique.